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Mali – 761 milliards FCFA recouvrés : L’État frappe fort et tourne la page des “conventions à vie”.


Trois années de bras de fer avec les minières

Après trois ans de travail discret mais méthodique, la Commission de négociation et de renégociation avec les sociétés minières a présenté son rapport final au président de la Transition, Assimi Goïta, le 1er décembre 2025.

La mission, lancée avec un objectif initial de 400 milliards FCFA à recouvrer, se conclut finalement sur un montant spectaculaire : 761 milliards FCFA, soit presque le double.
Ces résultats ont été confirmés par plusieurs sources officielles dont l’AMAP, Mali24, Maliweb et Afrikinfos-Mali, qui convergent sur les chiffres et les conclusions du rapport.


Un résultat historique qui rebat les cartes du secteur aurifère

Selon Mamou Touré, responsable de la commission, l’un des acquis majeurs de cette opération est l’assujettissement de toutes les sociétés minières auditées au Code minier de 2023.
C’est un tournant : la fin des régimes d’exception, des clauses de stabilité éternisées et des conventions héritées d’une époque où l’État ne pesait pas lourd face aux multinationales.

Le nouveau cadre juridique, désormais incontournable, devrait permettre à l’État malien d’engranger 585,7 milliards FCFA de recettes supplémentaires par an, selon les simulations communiquées au gouvernement.

La commission indique également que le coût total de la mission — 2,87 milliards FCFA — est largement compensé par les montants récupérés, un rapport coût-bénéfice que peu d’audits publics peuvent revendiquer.


Recouvrer, oui. Mais surtout rééquilibrer.

Pour les autorités, cette opération dépasse la simple collecte : elle marque une réaffirmation de la souveraineté nationale sur les ressources mineraires.
Le président Goïta, dans son message, a salué un “travail d’intérêt national accompli avec rigueur, patriotisme et transparence”.

Derrière la formule, un signal clair : l’ère des négociations secrètes et des conventions léguées de gouvernement en gouvernement touche à sa fin.
Le Mali reprend la main — et s’attend désormais à un partage plus équitable des revenus issus de l’or, une ressource qui représente plus de 70 % des exportations du pays.


Une dynamique positive… mais un test de crédibilité en approche

Un tel résultat appelle à la prudence : récupérer, c’est une chose. Faire appliquer les nouvelles règles dans la durée, en est une autre.
Plusieurs défis se profilent :

  • assurer le suivi strict de l’application du Code minier 2023 ;
  • sécuriser les recettes face aux stratégies d’optimisation agressive ;
  • empêcher les retards, litiges ou reports d’investissements ;
  • garantir que les collectivités et populations minières bénéficient réellement des retombées.

Nous entrons dans la phase la plus délicate : celle où les chiffres doivent se transformer en progrès concret.


Un secteur minier qui peut enfin jouer son rôle moteur

Si le Mali parvient à convertir ce recouvrement exceptionnel en investissements publics — routes, eau, centres de santé, énergie — alors l’or pourrait devenir un levier de développement, et non une rente qui s’évapore dans des circuits opaques.

Mais si la gouvernance, la transparence ou le contrôle défaillent, l’annonce de 761 milliards FCFA ne restera qu’un coup d’éclat comptable, sans véritable impact.

Toute la question est là : transformer une victoire administrative en victoire économique.


Le Mali aime rappeler qu’il est l’un des plus grands producteurs d’or d’Afrique.
Désormais, il veut surtout prouver qu’il sait en tirer un véritable bénéfice.
Les chiffres sont là. Le récit, lui, reste à écrire.

La Rédaction

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