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Inclusion financière : FIN’Elle et SEPHIS ouvrent une ligne d’un milliard FCFA pour les femmes entrepreneures.

À Abidjan, les femmes entrepreneures ne réclament plus seulement de la visibilité, elles veulent du financement. C’est précisément à cette attente que répond la ligne de crédit d’un milliard FCFA que viennent de débloquer FIN’Elle, institution de méfiance dédiée aux femmes, et la Fondation SEPHIS, engagée depuis des années dans l’accompagnement des entrepreneures africaines.

Selon les informations publiées par Sikafinance et les communications des deux partenaires, la convention a été signée le 27 novembre 2025 à Abidjan. Elle vise à financer des femmes entrepreneures accompagnées par SEPHIS, notamment à travers ses programmes phares comme African Women of the Future (AWF). Une partie de la ligne est déjà engagée, preuve que les fonds ne resteront pas longtemps dans les tuyaux.


FIN’Elle et SEPHIS : un tandem au service de l’entrepreneuriat féminin

D’un côté, FIN’Elle, filiale du Groupe COFINA, se présente comme une institution de microfinance spécialisée dans le financement des femmes. Positionnée entre le microcrédit et la banque classique, elle cible les TPE et PME féminines avec des produits adaptés. L’institution revendique plus de 37 000 clientes, plus de 11 200 projets financés pour un cumul de financements dépassant 140 milliards FCFA depuis sa création.

De l’autre, la Fondation SEPHIS s’est imposée comme une plateforme de renforcement de capacités pour les femmes entrepreneures en Afrique francophone. Ses programmes – African Women of the Future (AWF), Women & Finance (WAF) ou encore West African Women Initiative (WAWI) – combinent formation, coaching, mentorat et structuration de projets. La fondation revendique avoir facilité l’accès à 1,3 milliard FCFA de financements pour des entrepreneures, avec un taux de remboursement de 100 %, et avoir contribué à mobiliser au total environ 7 milliards FCFA de lignes de crédit avec divers partenaires (Ecobank, Baobab, etc.).

La ligne d’1 milliard FCFA avec FIN’Elle vient donc s’ajouter à un pipeline déjà existant, en ciblant des femmes dont les projets sont accompagnés et structurés en amont.


Un modèle : d’abord l’accompagnement, ensuite le crédit

La logique du dispositif est assumée : il ne s’agit pas de « distribuer de l’argent aux femmes », mais de financer des entreprises portées par des femmes.

Concrètement :

  1. Les entrepreneures intègrent un programme SEPHIS (AWF, WAF, etc.) où elles travaillent sur :
    • le modèle économique,
    • la gestion financière,
    • la stratégie commerciale et l’organisation interne.
  2. À l’issue de ce parcours, leurs projets sont diagnostiqués et formalisés :
    • états financiers simplifiés,
    • plan de trésorerie,
    • besoins d’investissement clairement identifiés.
  3. C’est à ce stade que FIN’Elle intervient avec la ligne d’un milliard, pour financer :
    • l’achat de stocks,
    • la couverture de bons de commande,
    • l’acquisition de machines ou équipements,
    • le fonds de roulement.

Ce schéma crée un deal flow “pré-filtré” : des dossiers mieux préparés, donc plus finançables, et un risque mieux maîtrisé pour l’institution de mesofinance.


Des exemples concrets : du four électrique à la flotte de livraison

Pour illustrer ce partenariat, FIN’Elle et SEPHIS mettent en avant des cas concrets d’entrepreneures financées grâce à ce type de dispositif.

Dans un témoignage relayé par Sikafinance, la promotrice de Sweet Food Trader, une entreprise agroalimentaire, explique avoir obtenu un financement en à peine deux semaines. Le prêt lui a permis d’acheter :

  • une flotte de livraison,
  • un four électrique,

et d’augmenter sa capacité de production pour répondre à une demande croissante.

Autre exemple : Africa Village Shop, une marque de mode qui valorise les tissus africains. Sa promotrice raconte que l’accompagnement SEPHIS lui a d’abord permis de restructurer son activité – mieux gérer les clients, organiser la production, encadrer les équipes – avant qu’un financement ne vienne accompagner cette nouvelle organisation.

Ces histoires servent de vitrine à une idée simple : bien accompagné + bien financé = croissance réelle.


Des ambitions affichées au-delà du milliard initial

Officiellement, la ligne annoncée est de 1 milliard FCFA. Mais dans les interventions des responsables, on comprend vite qu’il ne s’agit pas d’un plafond politique, plutôt d’un point de départ.

Pour Yénita Bamba, Directrice générale de FIN’Elle, « quand une femme entreprend, c’est tout un foyer, une communauté et une économie qui se renforcent ». Elle présente cette ligne comme un levier concret pour transformer le potentiel des femmes en croissance mesurable – chiffre d’affaires, emplois, investissements.

Sefora Kodjo, Présidente du Conseil d’administration de SEPHIS, insiste sur le choix des partenaires : il ne s’agit pas seulement de signer avec une institution financière, mais avec des structures qui comprennent les réalités et les contraintes des femmes entrepreneures et acceptent de prendre des risques intelligents.

De son côté, Saïd Sako, Directeur exécutif de SEPHIS, rappelle que les programmes de la fondation visent à donner aux dossiers une “crédibilité d’expertise et de rigueur” : en clair, les banques et institutions partenaires savent qu’elles financent des projets passés au crible. La collaboration avec FIN’Elle est appelée à se renforcer au fil du temps, au rythme des besoins des entrepreneures.


Inclusion financière : un signal à l’échelle régionale

Même si l’accord est signé à Abidjan et concerne d’abord les entrepreneures en Côte d’Ivoire, il s’inscrit dans une dynamique régionale.

La Fondation SEPHIS a déjà étendu ses programmes au Sénégal et au Togo, avec l’ambition d’en faire un modèle de financement des PME féminines dans l’UEMOA.

Dans une zone où l’accès au crédit reste l’un des premiers obstacles à l’entrepreneuriat féminin, cette ligne d’un milliard FCFA porte plusieurs messages :

  • les femmes entrepreneures ne sont plus seulement un “segment à impact”, mais un segment économique rentable ;
  • la combinaison accompagnement + financement est en train de devenir un standard ;
  • les partenaires financiers commencent à comprendre que “les femmes remboursent”, pour reprendre une formule souvent citée, et que le risque peut être maîtrisé par la structuration.

Là où beaucoup de dispositifs se contentent de slogans, le tandem FIN’Elle – SEPHIS met sur la table quelque chose de très concret : 1 milliard FCFA, des projets identifiés, des exemples déjà financés et un pipeline d’entrepreneures prêtes à passer à l’échelle.

La question, désormais, n’est plus de savoir si les femmes sont finançables. Mais combien de temps le reste du système financier mettra pour suivre le mouvement.

La Rédaction

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