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BRVM : Ces introductions en bourse qui ont façonné l’ascension du marché régional.

En un peu plus de 25 ans, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est passée du statut de pari institutionnel à celui de marché de référence pour l’UEMOA. Au cœur de cette trajectoire, quelques introductions en bourse (IPO) ont joué un rôle déterminant, révélant la profondeur de la demande locale, l’appétit des investisseurs et la capacité de la place à absorber des opérations d’envergure. Retour sur ces IPO qui ont marqué l’histoire d’un marché en plein essor.


Une bourse régionale devenue vitrine financière de l’UEMOA

Créée à la suite d’une décision des ministres de l’UMOA en 1993, la BRVM démarre effectivement ses activités de cotation en septembre 1998. Selon la BRVM elle-même, elle demeure un cas unique : une bourse commune à huit pays, totalement dématérialisée, interconnectée et intégrée.

Vingt-cinq ans plus tard, elle s’est imposée comme une plateforme centrale de financement des entreprises et des États de l’Union, avec des capitalisations régulières au-dessus de 10 000 milliards FCFA et une diversification progressive des compartiments (actions, obligations, troisième compartiment pour les PME, etc.).

Mais cette montée en puissance n’est pas qu’une affaire d’indices et de capitalisation. Elle s’est construite IPO après IPO, avec quelques opérations devenues emblématiques.


Bank of Africa Mali : une sursouscription historique en 24 heures

D’après une analyse publiée par Sikafinance, l’introduction en bourse de Bank of Africa Mali (BOA Mali) en 2016 reste l’un des moments les plus marquants de l’histoire récente de la BRVM.

L’opération, qui portait sur la mise en vente d’une partie du capital de la banque, a connu une sursouscription sept fois supérieure à l’offre initiale, et ce en seulement 24 heures. Selon Sikafinance, jamais la place régionale n’avait connu un engouement d’une telle intensité sur une si courte période.

Ce succès spectaculaire illustre plusieurs points clés :

  • la profondeur de la demande locale et régionale pour les valeurs bancaires de qualité ;
  • la montée en puissance des investisseurs individuels et institutionnels de l’UEMOA ;
  • la perception de la BRVM comme un véritable outil de mobilisation de l’épargne pour les groupes bancaires présents dans plusieurs pays.

Pour les autorités maliennes et les actionnaires de référence du groupe BOA, cette IPO a servi de signal fort : une entreprise malienne peut se financer à l’échelle régionale via la bourse commune, sans être confinée à son marché domestique.


Société Ivoirienne de Banque : une opération absorbée en une journée

Toujours selon Sikafinance, la Société Ivoirienne de Banque (SIB) occupe une place de choix dans la mémoire des opérateurs. Son introduction en bourse a été intégralement souscrite en une seule journée, avec un taux de couverture de l’ordre de 231 %, ce qui démontre une demande largement supérieure à l’offre disponible.

Cette IPO a été perçue comme une preuve de maturité du marché :

  • elle a confirmé l’attrait des valeurs bancaires ivoiriennes,
  • elle a envoyé un message rassurant aux entreprises encore hésitantes sur l’ouverture de leur capital,
  • elle a mis en lumière la capacité des intermédiaires de la place à structurer et placer rapidement des opérations significatives.

Pour la BRVM, ce type d’introduction renforce aussi sa crédibilité auprès des régulateurs et organismes internationaux, en montrant que le marché peut absorber, dans de bonnes conditions, des opérations de plusieurs dizaines de milliards FCFA.


La Loterie Nationale du Bénin : symbole d’une nouvelle vague d’IPO

Du côté de la BRVM, les communications officielles soulignent également des introductions plus récentes, comme celle de la Loterie Nationale du Bénin (LNB). La BRVM rappelle qu’en 2024, l’introduction de la LNB a porté à 47 le nombre de sociétés cotées, tout en marquant l’ouverture plus affirmée de la bourse à des secteurs non traditionnels comme les jeux et services publics élargis.

Cette IPO est emblématique à double titre :

  • elle montre que des entreprises publiques ou parapubliques peuvent utiliser la bourse pour se financer et se restructurer,
  • elle participe à la diversification sectorielle d’un marché longtemps dominé par la banque, l’assurance et quelques majors de l’agro-industrie et des télécoms.

Pour la BRVM, ce type de dossier contribue à rapprocher la bourse du grand public, dans la mesure où les loteries nationales sont souvent des institutions très identifiées par les populations.


Sonatel, l’une des introductions fondatrices

Même si elle remonte au début de l’histoire de la BRVM, l’introduction en bourse de Sonatel reste une des opérations fondatrices les plus citées par les observateurs et par la BRVM elle-même.

L’ouverture du capital de Sonatel sur la BRVM a servi de repère en matière de :

  • structuration d’une IPO de grande taille dans le secteur des télécommunications,
  • diffusion de l’actionnariat populaire (salariés, particuliers, institutionnels régionaux),
  • visibilité internationale de la BRVM, à travers une valeur “phare” très suivie.

Cette opération a consolidé la bourse régionale comme marché pivot des grands champions régionaux, capables de drainer l’épargne à l’échelle de toute l’UEMOA.


Un troisième compartiment pour élargir le vivier de futures IPO

Au-delà des grandes IPO déjà entrées dans l’histoire, la BRVM a entrepris de préparer le terrain pour de nouvelles introductions, notamment celles de PME et d’entreprises en croissance.

Selon une documentation institutionnelle sur la BRVM, la création du Troisième Compartiment s’est accompagnée d’un assouplissement des exigences de capital social pour l’appel public à l’épargne et de la mise en place du rôle de listing sponsor. Objectif : faciliter l’accès à la bourse pour les petites et moyennes entreprises, en leur offrant un cadre adapté et un accompagnement structuré.

L’idée est claire : multiplier les IPO de tailles intermédiaires, moins spectaculaires qu’une banque ou un opérateur télécom, mais indispensables pour :

  • élargir la base sectorielle du marché,
  • renforcer la liquidité globale,
  • et faire de la bourse un outil de financement normal pour les entreprises ambitieuses de l’UEMOA.

Un marché en plein essor, mais encore sous-utilisé

Les différentes analyses publiées par la BRVM et par des observateurs spécialisés le rappellent : malgré une capitalisation en hausse et une amélioration du nombre de sociétés cotées, le potentiel de la bourse régionale reste largement sous-exploité.

Les défis identifiés sont récurrents :

  • faible culture boursière dans certains États membres ;
  • réticence de nombreux dirigeants à ouvrir leur capital et à se soumettre à des obligations de transparence ;
  • concurrence d’autres sources de financement (banques, marchés internationaux, financement concessionnel).

Pourtant, les IPO emblématiques de BOA Mali, SIB, Loterie Nationale du Bénin, Sonatel ou d’autres valeurs historiques ont démontré que :

  • la demande existe,
  • la bourse peut absorber des opérations de taille significative,
  • et une introduction réussie peut transformer le profil financier et la visibilité d’une entreprise.

En mettant en lumière ces IPO qui ont “fait date”, la BRVM rappelle que son histoire ne s’écrit pas seulement en courbes d’indices, mais aussi en moments de marché où l’épargne régionale rencontre l’ambition d’entreprises prêtes à jouer le jeu de la transparence et de l’ouverture du capital. La prochaine étape se jouera sans doute du côté des PME et des champions émergents : ceux qui, demain, viendront s’ajouter à cette liste d’introductions qui marquent la trajectoire d’un marché financier en plein essor.

La Rédaction.

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