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Afrique : Un marché de l’intelligence artificielle déjà évalué à plus de 4,5 milliards USD en 2025.

Contrairement à certaines estimations qui évoquent un marché africain de l’intelligence artificielle (IA) à 2 milliards USD en 2025, les chiffres les plus récents le situent nettement au-dessus de ce seuil. Selon un rapport de Mastercard fondé sur des données SAP Africa, le marché de l’IA sur le continent est estimé à environ 4,5 milliards USD en 2025, avec une trajectoire de croissance qui pourrait le porter à plus de 16 milliards USD d’ici 2030.


Des estimations récentes qui convergent vers un marché supérieur à 4 milliards USD

Un white paper de Mastercard publié en août 2025 sur le déploiement de l’IA en Afrique estime que la taille du marché africain de l’intelligence artificielle en 2025 est d’environ 4,51 milliards USD, avec une croissance annuelle moyenne projetée de 27,4 %, pour atteindre 16,53 milliards USD en 2030. Le document précise que cette estimation couvre les applications d’IA dans la reconnaissance vocale, le traitement d’images, les services d’IA embarqués dans les produits et les plateformes qui permettent de développer et déployer des solutions d’IA.

Une autre analyse sur l’investissement en IA en Afrique, relayée par un média économique, évoque un marché de 4,5 à plus de 6 milliards USD à l’horizon 2025, avec, selon certaines projections, une estimation à 6,4 milliards USD dès 2025.

Ces chiffres montrent que le marché africain de l’IA :

  • est déjà au-delà du seuil des 2 milliards USD,
  • évolue sur une trajectoire de forte expansion,
  • reste encore modeste en comparaison du marché mondial, mais avec un potentiel de rattrapage important.

Un marché encore petit à l’échelle mondiale, mais à très fort potentiel

Pour situer l’ordre de grandeur, la CNUCED projette que le marché mondial de l’intelligence artificielle pourrait atteindre 4,8 trillions USD à l’horizon 2033.

Dans ce contexte, les 4,5 milliards USD estimés pour l’Afrique en 2025 restent une goutte d’eau au niveau global, mais :

  • le continent part de plus bas et affiche des taux de croissance supérieurs à la moyenne ;
  • la structure démographique (population très jeune, forte urbanisation, usage massif du mobile) crée un terrain propice aux solutions numériques ;
  • l’IA est en train de se greffer sur des briques déjà installées : mobile money, plateformes fintech, e-commerce, e-santé.

Un rapport de type “AI for Africa” estime d’ailleurs que l’IA pourrait générer entre 61 et 103 milliards USD de valeur économique annuelle pour l’Afrique si elle est déployée à grande échelle dans les principaux secteurs (agriculture, santé, services financiers, industrie, services publics).


Des cas d’usage concrets : de la santé à l’accessibilité

Le marché de l’IA en Afrique ne se résume pas à des slides PowerPoint. Quelques exemples illustrent cette dynamique :

  • Accessibilité et inclusion : la startup kényane Signvrse développe une plateforme d’interprétation en langue des signes en temps réel, basée sur des avatars 3D et des modèles d’IA, pour faciliter la communication avec les personnes sourdes et malentendantes sur le continent.
  • Santé et diagnostic : plusieurs solutions d’IA sont déployées pour assister les diagnostics médicaux, l’imagerie, le tri des patients et le suivi à distance, notamment dans des hubs comme Nairobi, Lagos, Kigali ou Le Cap.
  • Fintech et paiements : selon Mastercard, l’IA est intégrée dans des cas d’usage comme la détection de fraude, le scoring de crédit alternatif et l’optimisation des parcours clients dans les services financiers numériques.

Ces cas d’usage, encore dispersés, construisent déjà une demande réelle en infrastructures cloud, en services de données, en plateformes d’IA-as-a-service, et en compétences spécialisées.


Une montée en puissance portée par les politiques publiques et les stratégies nationales

Plusieurs pays africains ont adopté ou sont en train de finaliser des stratégies nationales en matière d’IA : Rwanda, Afrique du Sud, Kenya, Égypte, Maroc, Ghana… Ces stratégies visent à :

  • attirer les investissements et les centres de R&D,
  • structurer la formation et le développement de compétences,
  • encadrer les usages de l’IA (données, éthique, souveraineté numérique).

Dans le même temps, des organisations comme l’Union africaine et la CEA travaillent sur des cadres continentaux pour éviter que l’Afrique ne soit cantonnée au rôle de simple marché de consommation de solutions importées, sans contrôle sur les données ni captation de valeur.


Sous-investissement chronique, mais fenêtre d’opportunité

Selon un rapport de l’OCDE sur les marchés de capitaux africains en 2025, l’Afrique ne capte encore qu’une part résiduelle des investissements globaux dans l’IA : en 2024, alors que les investissements mondiaux dépassaient les 100 milliards USD, le continent n’aurait enregistré qu’un seul “gros” deal IA, inférieur à 100 millions USD.

Ce contraste – marché modeste en valeur absolue, investissement limité, mais potentiel élevé – crée une configuration très claire :

  • les prochains cinq à dix ans vont déterminer si l’Afrique :
    • devient un producteur de solutions d’IA adaptées à ses réalités,
    • ou reste un importateur d’algorithmes et de plateformes conçus ailleurs, avec une faible capture de valeur locale.

Pourquoi la référence “2 milliards USD” est désormais dépassée

Les chiffres de “2 milliards USD en 2025” renvoient probablement à d’anciennes estimations ou à des périmètres plus restreints (par exemple, certains segments de logiciels ou un sous-ensemble de services).

Mais au vu :

  • des dernières estimations SAP Africa / Mastercard autour de 4,5 milliards USD en 2025,
  • des projections médias évoquant un marché à 6,4 milliards USD en 2025 dans certains scénarios,
  • et des prévisions de croissance à deux chiffres élevés jusqu’en 2030,

Il est désormais plus rigoureux pour un média économique de parler d’un marché africain de l’IA estimé à au moins 4,5 milliards USD en 2025, plutôt que de rester sur le seuil de 2 milliards USD.


L’Afrique n’est pas encore un poids lourd mondial de l’IA, mais elle a clairement quitté la phase anecdotique. Avec un marché déjà estimé à plus de 4,5 milliards USD en 2025 et un potentiel de 16 milliards USD à l’horizon 2030, la question n’est plus de savoir si l’IA va peser dans les économies africaines, mais qui contrôlera les infrastructures, les données et les standards sur lesquels se construira ce futur numérique.

La Rédaction

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