Skip links

Or, emplois et milliards : Endeavour Mining muscle ses investissements au Sénégal.

Au Sénégal, l’or ne sort pas seul des entrailles de la terre. Avec la mine de Sabodala-Massawa, opérée par Endeavour Mining, ce sont aussi des centaines de milliards de FCFA qui irriguent l’économie. Et le mouvement s’accélère. Entre hausse des flux financiers, exploration renforcée, extension de la capacité de production et investissements énergétiques, tout indique que le géant aurifère entend ancrer durablement sa présence dans le pays.

Endeavour Mining, groupe coté à Londres et Toronto, est devenu en quelques années l’un des principaux producteurs d’or en Afrique de l’Ouest, avec des mines en Sénégal, Côte d’Ivoire et Burkina Faso et une production globale supérieure à 1,1 million d’onces par an. Au Sénégal, son bras armé s’appelle Sabodala-Massawa, la plus grande mine d’or industrielle du pays, récupérée lors du rachat de Teranga Gold en 2021.


331 milliards FCFA injectés en 2024 : un poids lourd pour l’économie sénégalaise

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon des données publiées par Endeavour Mining et reprises par des plateformes spécialisées, le groupe a injecté 331 milliards FCFA dans l’économie sénégalaise en 2024.

Dans le détail, cette enveloppe se décompose notamment en :

  • 128 milliards FCFA d’impôts, taxes et dividendes versés à l’État du Sénégal ;
  • 159 milliards FCFA de paiements à des fournisseurs locaux ;
  • 45 milliards FCFA de salaires versés aux employés.

Ce niveau d’engagement est en hausse par rapport aux 275 milliards FCFA injectés en 2022, confirmant que la mine de Sabodala-Massawa n’est pas un projet figé, mais une activité en montée en puissance.

Côté opérationnel, la mine a produit environ 229 000 onces d’or en 2024, et Endeavour vise entre 250 000 et 280 000 onces en 2025, avec un coût tout compris (AISC) maîtrisé.


Un signal politique clair : les “investissements stratégiques” au menu des échanges avec l’État

Au-delà des chiffres, la dimension politique est loin d’être anecdotique. Une récente audience entre une délégation d’Endeavour Mining et le président de la République du Sénégal a mis l’accent sur les “investissements stratégiques du groupe au Sénégal”.

Au cœur des discussions :

  • la consolidation de la mine de Sabodala-Massawa ;
  • les projets d’extension et d’optimisation des installations ;
  • les infrastructures associées (énergie, logistique, contenus locaux) ;
  • et la place d’Endeavour comme partenaire de long terme de l’économie sénégalaise.

Le vocabulaire employé par les autorités comme par le groupe va dans le même sens : il ne s’agit pas d’une présence opportuniste, mais d’un ancrage durable, avec une visibilité pluriannuelle sur les investissements.


Exploration renforcée : prolonger la vie de la mine et préparer de nouvelles phases

L’un des marqueurs les plus clairs du renforcement des investissements se trouve du côté de l’exploration.

Des sources spécialisées indiquent qu’Endeavour a augmenté ses budgets d’exploration à Sabodala-Massawa, avec environ 21 millions USD consacrés à l’exploration sur le site pour identifier de nouvelles ressources et prolonger la durée de vie de la mine.

Ce choix est stratégique. Augmenter les dépenses d’exploration signifie que le groupe :

  • parie sur la pérennité du gisement,
  • cherche à convertir des ressources en réserves exploitables,
  • et prépare d’éventuelles phases d’expansion de la mine.

On ne finance pas de telles campagnes d’exploration si l’on envisage de plier bagage à court terme.


Capacité et énergie : des investissements lourds qui s’inscrivent dans le temps

La trajectoire de production confirmée par Endeavour montre aussi un effort continu sur la capacité industrielle de Sabodala-Massawa.

Après une production de 229 000 onces en 2024, le groupe cible jusqu’à 280 000 onces en 2025 pour le site sénégalais, dans un contexte où la production globale du portefeuille pourrait atteindre 1,26 million d’onces.

Pour soutenir ces volumes, l’entreprise a investi dans :

  • des optimisations de l’usine de traitement,
  • la mise en œuvre de projets comme le procédé Biox pour traiter des minerais complexes,
  • la maintenance lourde des équipements et l’amélioration de la logistique minière.

Sur le volet énergétique, Endeavour a inauguré à Sabodala-Massawa une centrale solaire d’environ 37 MWp, présentée comme l’une des plus importantes du secteur minier sur le continent.

Cette infrastructure a un triple impact :

  • réduire la dépendance aux combustibles fossiles ;
  • baisser les coûts d’énergie sur le long terme ;
  • diminuer l’empreinte carbone de la mine.

Là encore, un tel investissement ne se conçoit que dans une logique de présence à long terme.


Un groupe en capacité de financer sa stratégie au Sénégal

Ce renforcement des engagements au Sénégal intervient alors qu’Endeavour affiche des résultats financiers solides. Sur les neuf premiers mois de 2025, le groupe indique un bénéfice net ajusté d’environ 556 millions USD, pour des flux de trésorerie disponibles se chiffrant à plus de 600 millions USD, tout en finançant un budget d’exploration d’environ 72 millions USD concentré sur ses actifs clés, dont Sabodala-Massawa.

Avec cette capacité financière, le Sénégal apparaît clairement comme l’un des piliers de la plateforme ouest-africaine d’Endeavour, aux côtés de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso.


Quand l’or devient un test de gouvernance et de retombées locales

Endeavour Mining peut revendiquer une présence renforcée au Sénégal, avec des investissements qui se chiffrent en centaines de milliards de FCFA, des vols de production en hausse et des infrastructures énergétiques pensées pour durer.

Mais derrière ces performances, une question centrale demeure : dans quelle mesure cette richesse se transforme-t-elle en développement durable pour le pays ?

La montée en puissance de Sabodala-Massawa, l’augmentation des paiements à l’État et aux fournisseurs locaux, la création d’emplois et les investissements dans l’énergie propre sont des signaux positifs. Reste à s’assurer que :

  • les communautés locales bénéficient réellement des retombées ;
  • la transparence sur les flux financiers est au rendez-vous ;
  • L’exploitation de l’or s’inscrit dans une stratégie nationale où, à terme, le Sénégal ne sera pas seulement un pays d’extraction, mais aussi un pays qui transforme sa rente en leviers durables de croissance.

Pour l’instant, une chose est sûre : avec Endeavour Mining, le Sénégal est entré dans la catégorie des planchers d’or stratégiques pour l’industrie minière mondiale. À l’État, aux collectivités et à la société civile de s’assurer que cette position se traduise par autre chose que des chiffres flatteurs dans les rapports annuels.

La Rédaction

Accueil
Recherche
Top
Découvrir
Drag