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La BIDC sonne la cloche verte : L’Afrique de l’Ouest appelée à mobiliser massivement les capitaux climatiques.

Dans un monde où la finance devient un levier décisif de la transition écologique, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) hausse le ton. Son président, George Agyekum Donkor, appelle à une mobilisation « massive et urgente » des capitaux verts pour financer la croissance et la résilience climatique des économies africaines. L’enjeu : sortir du discours pour passer à l’action avec des milliards à la clé.

Créée en 1975, la BIDC est le bras financier de la CEDEAO. Son mandat : financer des projets de développement public et privé, tout en stimulant l’intégration régionale. Depuis quelques années, l’institution s’est donnée une nouvelle mission : devenir le moteur de la finance durable en Afrique de l’Ouest.

Lors du Sommet africain de la finance et de l’industrie (AFIS 2025), tenu à Lomé, George Donkor a lancé un message fort : « Il est temps pour l’Afrique de transformer sa richesse naturelle en capitaux verts ». Selon lui, le continent dispose de ressources internes importantes, notamment les fonds de pension et les réserves institutionnelles, qui pourraient être mieux orientées vers des projets à impact environnemental.

Mais pour l’instant, ces fonds restent majoritairement investis dans des titres d’État à court terme, souvent moins productifs. D’où l’appel du président de la BIDC : « Il faut réinventer la finance pour le climat, rendre les projets plus attractifs et réduire les risques pour les investisseurs. »


Un virage vert déjà amorcé

Loin d’être un simple plaidoyer, cet appel s’inscrit dans une dynamique déjà engagée. La BIDC a obtenu son accréditation auprès du Fonds Vert pour le Climat (FVC), la plus grande institution mondiale de financement climatique. Ce statut lui permet d’accéder directement à des ressources internationales destinées à soutenir les projets de développement durable dans l’espace CEDEAO.

Depuis 2021, la banque a intégré le financement climatique au cœur de sa stratégie quinquennale. Résultat : plus d’un milliard de dollars déjà engagés dans des programmes liés aux énergies renouvelables, à l’agriculture résiliente et aux infrastructures durables.

Mieux encore, la BIDC a lancé en 2024 une obligation verte, sociale et durable (GSS) sur le marché régional de l’UEMOA, un signal fort de son engagement pour la finance responsable.


Pourquoi les capitaux verts sont cruciaux pour l’Afrique

Les besoins de financement climatique du continent sont colossaux. Selon la Banque africaine de développement (BAD), il faudrait entre 250 et 400 milliards de dollars par an pour combler le déficit d’investissement nécessaire à l’adaptation au changement climatique.

L’Afrique, pourtant, n’attire qu’une fraction des financements mondiaux dédiés à la transition verte : à peine 3 % du total. D’où la nécessité de mobiliser les ressources locales et de bâtir des projets “bancables”, capables d’attirer les investisseurs institutionnels.

George Donkor le rappelle : « Les États africains n’ont pas besoin uniquement d’aide, mais de confiance. » Autrement dit, de mécanismes crédibles et transparents pour canaliser efficacement les fonds vers des projets concrets : centrales solaires, reboisements, infrastructures hydrauliques ou adaptation agricole.


Les défis à surmonter

Pour réussir cette transition, plusieurs obstacles demeurent.

  • Manque de projets bien structurés : beaucoup d’initiatives climatiques manquent de viabilité financière.
  • Perception du risque élevé : les investisseurs exigent des garanties plus solides pour s’engager.
  • Cadres réglementaires hétérogènes : les normes de finance verte ne sont pas encore harmonisées dans toute la région.

La BIDC veut donc jouer le rôle de chef d’orchestre : structurer les projets, réduire les risques, attirer les investisseurs et prouver que la finance durable peut être rentable.


Une Afrique de l’Ouest à la croisée des chemins

En appelant à une mobilisation accrue des capitaux verts, la BIDC invite les gouvernements, les institutions financières et le secteur privé à repenser la manière dont se finance le développement.
Car derrière la rhétorique verte, il y a une conviction simple : l’Afrique ne pourra pas se développer durablement sans aligner ses flux financiers sur ses priorités climatiques.

Le continent, riche de soleil, de vent, d’eau et de jeunesse, dispose de tous les ingrédients pour une croissance verte inclusive. Encore faut-il que les capitaux suivent.


De la couleur des billets à celle du futur

En Afrique, la finance a longtemps été vue comme une affaire de chiffres et de budgets. La BIDC rappelle qu’elle peut aussi être une affaire de valeurs. Vertes, de préférence.
Car, comme l’a résumé un économiste africain lors du forum : « Si l’Afrique ne finance pas son climat, c’est son climat qui financera ses crises. »

La Rédaction

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