Afreximbank mise sur les banques africaines pour bâtir une croissance durable.
À l’heure où le monde scrute la résilience économique du continent africain, l’African Export-Import Bank (Afreximbank) fait un choix audacieux : renforcer les capacités des banques africaines plutôt que de se contenter d’injecter des fonds à court terme.
Lors du Afreximbank Trade Finance Seminar (ATFS 2025) tenu à Abidjan, la directrice du département Trade Finance & Correspondent Banking, Gwen Mwaba, a lancé un message clair : « Nous devons disposer d’institutions financières africaines solides, capables de gérer les risques et de soutenir la croissance inclusive. »
Des moyens concrets : financement et formation
Derrière ce discours, Afreximbank agit.
En octobre 2025, la banque panafricaine a accordé une ligne de crédit de 15 millions d’euros à la Banque Postale du Congo (BPC). Cet appui ne se limite pas au financement : il comprend un programme de renforcement de capacités, notamment dans le domaine du factoring (affacturage), un outil essentiel pour fluidifier les échanges commerciaux des PME.
Ce geste s’inscrit dans une stratégie plus large. En 2023, Afreximbank avait déjà onboardé plus de 500 banques africaines, accordé 86 lignes de crédit pour un montant total de 7,7 milliards USD, et permis à près de 300 institutions financières d’accéder à ses plateformes de paiement.
L’objectif ? Créer un réseau bancaire africain interconnecté, compétent et moins dépendant des circuits de financement étrangers.
Un pari sur la souveraineté financière
Cette démarche marque une rupture stratégique.
Longtemps, les économies africaines ont subi le poids de la dépendance vis-à-vis des bailleurs internationaux. Afreximbank propose aujourd’hui une alternative : autonomiser les acteurs locaux pour qu’ils deviennent les piliers de la croissance du continent.
En renforçant les capacités techniques, la gestion des risques et les connaissances en financement du commerce, la banque veut rendre les institutions africaines aptes à financer leurs propres marchés.
Autrement dit : bâtir la croissance durable de demain, de l’intérieur.
Des défis persistants
Mais le chantier reste colossal.
Beaucoup de banques africaines manquent encore d’outils numériques performants, de cadres réglementaires adaptés ou de ressources humaines qualifiées pour rivaliser avec les grands acteurs mondiaux.
Afreximbank, consciente de ces lacunes, mise sur le long terme : formation, assistance technique, programmes de certification et création de hubs régionaux.
Une dynamique à suivre de près
L’initiative séduit déjà plusieurs pays de la zone UEMOA et d’Afrique centrale.
À Abidjan, Dakar, Nairobi ou Kinshasa, les institutions partenaires voient dans ce programme une occasion de renforcer leur crédibilité et leur impact économique.
À terme, cette approche pourrait bien redéfinir le rôle des banques africaines : d’exécutantes passives à actrices motrices du développement continental.
Derrière la promesse de milliards, c’est une philosophie qui se dessine : celle d’un continent qui veut cesser de tendre la main, pour enfin tendre ses ailes.
Et Afreximbank, fidèle à sa devise panafricaine, semble bien décidée à fournir le vent nécessaire.
La Rédaction



