Skip links

Mali-Barrick : Le CIRDI dit non à la demande d’urgence du géant aurifère canadien.

C’est un revers juridique d’envergure pour le mastodonte canadien Barrick Gold Corporation. Le 31 octobre 2025, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) a rejeté la demande de mesures d’urgence déposée par le groupe minier contre le gouvernement du Mali.
Cette requête visait à suspendre certaines décisions nationales concernant le complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, cœur des activités de Barrick dans le pays.

Le CIRDI, organe d’arbitrage de la Banque mondiale chargé de trancher les litiges entre États et investisseurs étrangers, a estimé que les critères d’urgence et de préjudice irréparable n’étaient pas réunis. En clair : Barrick n’a pas convaincu que la situation nécessitait une intervention immédiate du tribunal arbitral.


Un différend né du contrôle accru de Bamako sur ses ressources

Ce dossier s’inscrit dans un contexte plus large : celui de la reprise en main par le Mali de ses ressources minières stratégiques.
Depuis 2024, le gouvernement de Bamako a entrepris une série de réformes visant à renforcer la souveraineté économique du pays, notamment dans le secteur aurifère, pilier de son économie.

Dans ce climat de tension, l’État malien avait nommé, en juin 2025, un administrateur provisoire pour superviser les opérations de Loulo-Gounkoto, justifiant sa décision par des manquements présumés aux obligations fiscales et réglementaires.
Barrick avait aussitôt dénoncé une « expropriation déguisée » et saisi le CIRDI en demandant des mesures conservatoires pour bloquer l’intervention de l’État.
Le tribunal a donc tranché : aucune urgence ne justifie de suspendre l’action du Mali.


Une victoire symbolique pour Bamako

Si la bataille judiciaire est loin d’être terminée, ce refus du CIRDI est perçu comme une victoire politique et symbolique pour les autorités maliennes.
Le gouvernement y voit une légitimation de sa politique de « recadrage » du secteur minier.
« Le Mali reste ouvert aux investisseurs, mais dans le respect de sa souveraineté et de ses lois », confie un haut responsable du ministère des Mines, cité par Maliweb.

Pour Barrick Gold, cette décision ne signe pas la fin du combat : l’entreprise poursuit sa procédure principale devant le CIRDI pour obtenir réparation des décisions prises par Bamako.
Mais dans l’immédiat, l’État malien conserve la main sur Loulo-Gounkoto.


Les dessous économiques d’une bataille stratégique

Le complexe Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du Mali, représente plus de 10 % de la production aurifère nationale et des centaines d’emplois directs.
Pour Barrick, c’est l’un des actifs les plus rentables de son portefeuille africain.
Pour le Mali, c’est un symbole de la richesse nationale et de la nécessité de mieux capter les revenus tirés de l’or.

Derrière les arguments juridiques se joue donc une confrontation stratégique : qui contrôle l’or malien ?
La réponse, pour l’instant, penche du côté de Bamako.


Cette décision du CIRDI n’est qu’un chapitre dans un feuilleton qui en comptera plusieurs.
Mais elle envoie un message clair : l’époque où les multinationales minières imposaient seules leurs règles en Afrique de l’Ouest semble toucher à sa fin.
Le Mali, lui, savoure prudemment sa victoire du jour, en attendant la prochaine manche.

La Rédaction

Accueil
Recherche
Top
Découvrir
Drag