Afrique : Le trafic aérien décolle de 6,1 % en septembre, le ciel se dégage pour les compagnies du continent.
Le ciel africain garde le vent en poupe. Selon les dernières statistiques publiées par l’Association internationale du transport aérien (IATA), le trafic de passagers sur le continent a enregistré une hausse de 6,1 % en septembre 2025 par rapport à la même période l’an dernier. Une performance qui dépasse la moyenne mondiale (+3,6 %) et confirme la reprise soutenue du transport aérien africain, malgré un contexte économique encore fragile.
Un ciel africain qui regagne en altitude
Les chiffres de l’IATA mesurent le trafic en « RPK » (revenue passenger kilometres), un indicateur qui combine le nombre de passagers et la distance parcourue. En clair : plus d’avions remplis et plus de kilomètres vendus.
Cette croissance de 6,1 % traduit une amélioration tangible de la mobilité sur le continent, qu’il s’agisse de voyages d’affaires, de tourisme ou de déplacements intra-africains. Les compagnies locales retrouvent des niveaux d’activité proches de ceux d’avant la pandémie, même si certaines routes régionales restent encore en sous-capacité.
Des compagnies africaines plus actives, mais pas encore rentables
Selon des données complémentaires relayées par l’Agence Ecofin, la capacité d’offre des compagnies africaines (mesurée en sièges disponibles, ou ASK) a progressé de 5,1 % en septembre, tandis que le taux de remplissage moyen s’est établi à 74,7 %.
Autrement dit : les avions volent plus, mais les sièges ne sont pas encore tous occupés.
Pour comparaison, les transporteurs européens affichent souvent des taux supérieurs à 82 %.
Ce différentiel illustre le défi du secteur : si la demande est bien là, les coûts d’exploitation restent élevés (carburant, maintenance, taxes aéroportuaires), et la concurrence des compagnies non africaines continue de rogner les marges.
Les moteurs de la croissance : intégration et tourisme
Les experts interrogés par la presse spécialisée identifient deux leviers principaux derrière cette embellie :
- La reprise du tourisme intra-africain, portée par les grandes métropoles (Abidjan, Dakar, Nairobi, Addis-Abeba, Johannesburg) ;
- Les efforts d’intégration économique régionale, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui stimule les voyages d’affaires et les échanges de biens et de services.
Les compagnies comme Ethiopian Airlines, Air Côte d’Ivoire, Kenya Airways ou ASKY tirent parti de cette dynamique, même si la plupart d’entre elles restent confrontées à des défis de modernisation de flotte et de connectivité régionale.
L’Afrique, future plaque tournante du trafic aérien ?
D’après les projections de l’ACI Africa (Airports Council International), le continent pourrait atteindre près de 273 millions de passagers en 2025, soit le double du volume de 2010. Une croissance potentielle qui attire déjà les investisseurs et les gestionnaires d’aéroports internationaux.
Mais encore faut-il que les politiques publiques suivent. L’absence d’un véritable ciel unique africain, la lenteur des procédures de visa et le coût élevé des billets freinent encore la pleine expansion du secteur.
Sans harmonisation, chaque pays continue d’opérer dans sa bulle réglementaire, et les liaisons régionales restent sous-développées.
Un rebond encourageant, mais fragile
Le rebond de septembre est une bonne nouvelle : il traduit la résilience du transport aérien africain, capable de se redresser malgré les turbulences mondiales. Mais ce dynamisme pourrait s’essouffler si les compagnies ne trouvent pas rapidement les moyens de financer leur croissance, notamment à travers des partenariats régionaux, la digitalisation et une meilleure gestion énergétique.
L’Afrique décolle, mais son envol reste fragile. Les moteurs tournent, les ailes s’étendent, mais tant que les politiques et les compagnies ne voleront pas dans la même direction, le continent ne deviendra pas la tour de contrôle du ciel mondial qu’il mérite d’être.
La Rédaction
