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S&P : Les banques africaines de développement prêtes à libérer une puissance de prêt inédite.

Le nouveau rapport de S&P Global Ratings met en lumière un tournant majeur pour les institutions financières africaines : une montée en puissance historique de leur capacité de financement. Entre ambition continentale et discipline financière, le message est clair — l’Afrique veut désormais se financer par elle-même.


Un nouveau souffle pour le financement du développement

Selon le rapport Supranationals 2025 Special Edition publié le 28 octobre 2025, l’agence de notation S&P Global Ratings estime que les banques africaines de développement — notamment la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA) — disposent aujourd’hui des marges de manœuvre les plus solides de leur histoire.

Grâce à des buffers de capital renforcés et à des révisions de cadre de prêt, ces institutions pourraient débloquer jusqu’à 800 milliards de dollars de capacité de financement additionnelle dans les prochaines années.
Une “puissance de prêt inédite”, pour reprendre les termes de S&P, dans un contexte où le continent cherche à réduire sa dépendance aux financements extérieurs.


Des bilans plus robustes, une confiance retrouvée

Pour la BAD, notée AAA par S&P, cette nouvelle solidité s’explique par un portefeuille de prêts maîtrisé — estimé à 27,3 milliards de dollars en 2024 — et par l’adoption d’instruments financiers innovants, tels que les titres hybrides ou les accords d’échange d’exposition (exposure-exchange agreements).

La BADEA, de son côté, a fait croître son portefeuille à 3,8 milliards de dollars, avec une ambition affichée de 18 milliards de décaissements entre 2025 et 2029.
Ces signaux confirment, selon S&P, que les institutions africaines de développement “naviguent avec discipline dans un environnement mondial de taux élevés et de volatilité accrue”.


Un rôle stratégique dans un monde en mutation

Cette montée en puissance arrive à un moment clé. Les États africains affrontent un triple défi : endettement élevé, ralentissement économique et besoin massif d’investissements dans les infrastructures et le climat.
Avec la contraction des aides internationales et le renchérissement du crédit, les banques régionales deviennent de facto le bras armé financier de la souveraineté africaine.

S&P souligne que cette dynamique “pourrait changer la donne dans la décennie à venir”, si les États membres parviennent à présenter des projets bancables et bien gouvernés.
Car sans cela, l’abondance potentielle de capital restera une puissance dormante.


Un message fort envoyé aux marchés

Le constat de S&P est aussi un signal positif pour les marchés financiers :
Le continent africain, longtemps perçu comme dépendant des bailleurs internationaux, démontre sa capacité à se doter d’instruments internes robustes.
Cette crédibilité accrue pourrait favoriser de nouvelles levées de fonds sur les marchés obligataires régionaux — en particulier à la BRVM et sur les plateformes d’UMOA-Titres.


La finance africaine à l’heure de la maturité

L’analyse de S&P sonne comme un rappel : l’Afrique n’a pas besoin d’être “secourue”, elle a besoin d’être crue.
Ses banques de développement, mieux gérées, mieux notées, mieux capitalisées, sont prêtes à accélérer la transformation économique du continent.

Reste à savoir si les États suivront le rythme.
Comme le résume un économiste de la BAD :

« L’argent est prêt à couler. Encore faut-il que les projets soient prêts à le recevoir. »

La Rédaction

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