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Dette publique : Le Sénégal vise une stabilisation à 101 % du PIB d’ici 2028.

Après avoir reconnu une explosion de son endettement, Dakar promet de reprendre le contrôle d’ici quatre ans. Entre ambitions budgétaires et réalités économiques, le pari est audacieux.


Un aveu de poids : la dette a gonflé à 119 % du PIB

Le gouvernement sénégalais joue désormais la carte de la transparence. Selon les chiffres rapportés par Sikafinance et Le Monde, l’encours de la dette publique du Sénégal atteignait 23 666,8 milliards FCFA à fin 2024, soit 119 % du PIB.
Un niveau largement supérieur aux 74 % précédemment annoncés, et qui s’explique par la prise en compte récente d’une « dette cachée », jusque-là non inscrite dans les comptes officiels.

Ces engagements non comptabilisés – dettes bancaires, arriérés de paiement et garanties non déclarées – ont été mis en lumière après un audit de la Cour des comptes. Résultat : le pays se retrouve face à une réalité budgétaire beaucoup plus lourde que prévue.


Un plan de redressement annoncé

Face à cette situation, le gouvernement sénégalais a dévoilé un plan de redressement économique visant à restaurer la confiance des investisseurs et des bailleurs.
Objectif affiché : ramener la dette à 101 % du PIB d’ici 2028, tout en assurant la poursuite des grands projets publics.

Pour y parvenir, Dakar mise sur trois leviers principaux :

  1. Une meilleure discipline budgétaire – réduction progressive des subventions coûteuses (énergie, carburant, électricité).
  2. Une gestion active de la dette – allongement des maturités et renégociation de certains emprunts.
  3. La croissance des revenus pétroliers et gaziers attendus à partir de 2026, grâce à la mise en production du champ Sangomar et du projet gazier GTA.

Une trajectoire semée d’obstacles

Mais le chemin vers la stabilisation s’annonce difficile. Selon Reuters, les projections du ministère des Finances montrent une hausse continue du service de la dette :

  • 5 490 milliards FCFA à payer en 2026,
  • puis encore près de 4 970 milliards FCFA en 2028.

Autrement dit, même avec une croissance soutenue, la pression sur le budget restera élevée.
Cette situation pose un risque de cercle vicieux : plus la dette augmente, plus le service de la dette absorbe les recettes publiques, au détriment des investissements sociaux.


Des signaux mitigés du marché

Sur les marchés financiers régionaux, la confiance reste mesurée.
Le Sénégal continue de lever des fonds avec succès sur le marché UMOA-Titres, mais les taux d’intérêt grimpent, reflétant une prudence accrue des investisseurs.
Le pays garde néanmoins un atout : sa bonne signature régionale et la perspective de revenus énergétiques futurs, qui pourraient rééquilibrer ses finances à moyen terme.


Entre transparence et crédibilité

L’annonce d’un objectif de stabilisation à 101 % du PIB d’ici 2028 marque une rupture dans la communication publique : pour la première fois, les autorités reconnaissent l’ampleur réelle de la dette.
Mais la crédibilité de cette trajectoire dépendra de la capacité du gouvernement à publier un calendrier clair, à maîtriser les dépenses, et surtout à transformer la croissance économique en recettes budgétaires.


Une dette sous surveillance

Pour de nombreux observateurs, le défi du Sénégal n’est pas seulement de réduire la dette, mais de mieux l’utiliser.
La question n’est plus : combien le pays doit ?
Mais plutôt : à quoi sert cet endettement, et profite-t-il réellement à la population ?

La stabilité financière ne se décrète pas — elle se construit. Et à Dakar, les prochaines années diront si le pays a su transformer le fardeau de la dette en levier de souveraineté économique.

La Rédaction

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