
Mali : Plus de 840 millions FCFA de dépenses non conformes à l’APEJ, selon le Vérificateur général.
Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) du Mali a publié son rapport d’audit 2025. Parmi les institutions épinglées figure l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ). Selon les conclusions, plus de 840 millions de FCFA de dépenses sont jugées « non conformes », dont moins de 20 millions seulement ont été régularisés. Un constat qui interroge la gouvernance d’un organisme censé symboliser l’avenir économique des jeunes Maliens.
Un audit qui secoue le programme emploi-jeunes
Le rapport du BVG, rendu public ce lundi, met en évidence une série d’irrégularités financières au sein de l’APEJ entre 2020 et mars 2025.
L’institution, qui dépend du ministère de la Jeunesse et de l’Emploi, est chargée de promouvoir l’insertion professionnelle des jeunes à travers des programmes de stages, de formations et de financements d’activités génératrices de revenus.
Mais selon le BVG, les procédures de gestion financière de l’agence souffrent d’un manque de rigueur et de traçabilité. Les auditeurs évoquent notamment des paiements effectués sans justificatifs complets, des dépenses non autorisées et des marchés exécutés en dehors des procédures réglementaires.
840 millions FCFA de dépenses « non conformes »
Le rapport chiffre à 840 549 789 FCFA le montant total des dépenses considérées comme non conformes.
Ces anomalies concernent des rubriques aussi diverses que les achats de biens et services, les frais de mission, ou encore certaines opérations de transfert vers les programmes régionaux d’emploi.
D’après le BVG, une petite partie de ces montants — 19 352 785 FCFA — a pu être régularisée après la vérification, laissant un reliquat de plus de 820 millions FCFA à justifier.
Des manquements répétés dans la gestion
Ce n’est pas la première fois que l’APEJ est épinglée pour sa gestion. Déjà, dans des audits précédents, le BVG avait noté des failles dans le contrôle interne et dans la justification des dépenses liées aux projets d’appui à l’emploi des jeunes.
Mais cette fois, l’ampleur du montant et la durée de la période concernée (près de cinq ans) donnent une dimension plus inquiétante à ces constats.
Le BVG invite les autorités à tirer les conséquences administratives et judiciaires de ces irrégularités, tout en soulignant la nécessité d’un meilleur suivi des dépenses publiques allouées à l’emploi des jeunes.
Une affaire symbolique de la gouvernance publique
Au-delà du cas de l’APEJ, cette affaire soulève une question plus large : celle de la gouvernance des structures publiques dédiées au développement et à l’emploi.
Dans un contexte où la jeunesse malienne fait face à un taux de chômage élevé, chaque franc investi dans l’emploi devrait produire un impact visible. Or, les conclusions du BVG suggèrent qu’une partie des ressources a été mal utilisée, voire détournée de sa finalité première.
Pour plusieurs observateurs, cette situation illustre les défis persistants de transparence et de responsabilité dans la gestion des fonds publics.
Une vigilance accrue du BVG
Depuis plusieurs mois, le Bureau du Vérificateur Général, sous la direction de M. Samba Alhamdou Baby, multiplie les audits sectoriels.
Ses récents rapports ont déjà mis en évidence des irrégularités dans la gestion d’autres entités publiques, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’énergie.
L’objectif affiché : instaurer une culture de reddition de comptes et pousser les institutions à corriger leurs pratiques avant qu’elles ne deviennent des scandales financiers.
L’audit du BVG sur l’APEJ tombe à un moment où le gouvernement multiplie les annonces en faveur de l’emploi des jeunes. Mais comment convaincre la jeunesse de croire en ces promesses si les institutions censées les servir donnent l’exemple inverse ?
En matière de gouvernance, la transparence ne coûte rien… mais son absence, elle, peut coûter 840 millions.
La Rédaction