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Mali : La pénurie de carburant, un choc économique aux répercussions multiples.

Depuis plusieurs semaines, le Mali fait face à une pénurie de carburant qui bouleverse son économie. De Mopti à Gao, en passant par Bamako, les files d’attente devant les stations-service et la flambée des prix révèlent une crise bien plus large que la simple disponibilité d’essence et de gasoil. Elle met en lumière la fragilité de l’économie malienne, dépendante des importations et fortement exposée aux aléas sécuritaires et logistiques.


Un prix du litre multiplié par deux

Alors que l’État a fixé le prix plafond à 775 FCFA pour l’essence et 725 FCFA pour le gasoil, les consommateurs déboursent parfois 1 500 à 2 000 FCFA le litre dans certaines régions comme Mopti ou Gao.
Cette flambée a un double effet :

  • une hausse directe du coût du transport (taxis, motos, camions de marchandises),
  • une inflation indirecte sur les denrées alimentaires et les produits de première nécessité, dont les prix intègrent les frais logistiques.

Une économie informelle fragilisée

Au Mali, près de 95 % de la population active évolue dans l’informel. Les petits commerçants, transporteurs et artisans sont parmi les plus touchés :

  • certains taxis-motos circulent à perte ou cessent leur activité,
  • les marchés locaux voient les coûts d’approvisionnement grimper,
  • les populations rurales, dépendantes du transport pour écouler leurs produits agricoles, subissent une perte de revenus immédiate.

Impact sur les finances publiques

La crise du carburant met également à l’épreuve les finances de l’État :

  • La régulation des prix devient difficile, poussant certains opérateurs à spéculer ou fermer leurs stations.
  • L’Office national des produits pétroliers (ONAP) doit rassurer, mais la réalité des fermetures alimente une défiance croissante.
  • À terme, la multiplication des circuits parallèles fragilise les recettes fiscales issues des hydrocarbures et accroît le risque de contrebande.

L’effet domino sur les secteurs productifs

L’agriculture, déjà exposée aux aléas climatiques, voit ses coûts de transport et de production s’alourdir. Dans l’industrie et les services, la difficulté d’acheminer les intrants ou de maintenir des chaînes logistiques fluides pourrait peser sur la croissance.
Les investisseurs, déjà prudents face au contexte sécuritaire, observent ces perturbations comme un signal négatif pour la stabilité des affaires.


La pénurie actuelle de carburant au Mali dépasse le simple problème d’approvisionnement. Elle illustre un choc économique systémique qui affecte la consommation, le pouvoir d’achat, la compétitivité des entreprises et la confiance des investisseurs.
Si l’État mise sur des mesures de régulation et sur la sécurisation des convois, seule une réforme structurelle du secteur énergétique et logistique permettra de réduire cette vulnérabilité chronique.

La Rédaction

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