
Bamako : L’AES et le Togo unissent leurs douanes pour fluidifier le commerce régional.
Le 2 octobre 2025, Bamako a accueilli une rencontre de haut niveau entre les Directeurs généraux des Douanes des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), Mali, Burkina Faso, Niger et du Togo. L’événement, présidé par le ministre malien de l’Économie et des Finances, Alousseni Sanou, marque une étape décisive dans la construction d’une coopération douanière régionale.
Un contexte de rupture et de recomposition
Depuis leur retrait de la CEDEAO, les pays de l’AES misent sur le renforcement de leur propre intégration économique. Les Douanes, en première ligne du commerce et de la sécurité, sont appelées à jouer un rôle crucial. L’inclusion du Togo, avec son port stratégique de Lomé, répond à une nécessité : offrir aux pays sahéliens enclavés un accès fluide et sécurisé à la mer.
Harmoniser pour mieux commercer
Pendant deux jours, les experts et Directeurs ont planché sur un chantier ambitieux : harmoniser les procédures douanières et interconnecter les systèmes informatiques. Objectif : réduire les délais aux frontières, sécuriser les échanges et faciliter la libre circulation des marchandises.
À l’ordre du jour figuraient des projets de textes sur :
- l’assistance administrative mutuelle,
- les règles d’origine des marchandises,
- le régime de transit communautaire,
- la profession de commissionnaire agréé en douane,
- et la mise en place d’un Tarif Extérieur Commun propre à l’AES.
Le rôle clé du Togo
Si le Togo ne fait pas partie de l’AES, sa présence est tout sauf symbolique. Le port de Lomé constitue une artère vitale pour le commerce des pays enclavés du Sahel. Assurer l’interopérabilité douanière avec le Togo, c’est permettre un transit plus rapide, moins coûteux et mieux contrôlé des marchandises à destination et en provenance du Sahel.
Des avancées mais aussi des défis
Selon le compte rendu, certaines recommandations issues de précédentes réunions ont déjà été mises en œuvre, d’autres sont en cours. Mais des obstacles demeurent :
- la sécurisation des systèmes informatiques interconnectés,
- la mobilisation de financements pour les infrastructures,
- la formation du personnel,
- et la nécessaire adhésion des acteurs privés (transporteurs, commissionnaires, importateurs).
Une promesse pour les populations
Au-delà des textes techniques, c’est la vie quotidienne des populations qui est en jeu. Moins de blocages aux frontières signifie des marchandises qui circulent plus vite, moins de pertes de temps et de coûts, et potentiellement des prix plus stables sur les marchés.
En réunissant à Bamako les Douanes de l’AES et du Togo, les États sahéliens ont posé un jalon important pour bâtir leur propre union douanière. Les promesses sont grandes, mais leur concrétisation dépendra de la volonté politique et de la capacité à transformer les engagements en réformes tangibles. Comme l’a rappelé un participant, « la douane n’est pas qu’une administration de contrôle, c’est aussi une clé pour l’intégration et le développement ».
La Rédaction