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AGOA : Washington plaide pour un sursis d’un an, mais l’avenir de l’accord reste flou.

L’Accord de partenariat commercial entre les États-Unis et l’Afrique, plus connu sous le nom d’AGOA (African Growth and Opportunity Act), vit peut-être ses dernières heures. Alors que l’échéance initiale est fixée à septembre 2025, Washington propose une prolongation technique d’un an. Objectif : éviter un vide juridique et donner du temps pour des négociations, sans pour autant dissiper les incertitudes qui pèsent sur l’avenir du pacte.


Un accord vital pour les économies africaines

Depuis sa mise en place en 2000, l’AGOA permet à plusieurs pays africains d’exporter des milliers de produits vers les États-Unis sans droits de douane. Textiles, produits agricoles, ressources minières ou encore artisanat : pour beaucoup d’économies du continent, cet accès préférentiel constitue une bouffée d’oxygène.

Selon les chiffres du Bureau américain du commerce extérieur (USTR), les exportations africaines sous AGOA ont atteint plus de 30 milliards de dollars en 2023, avec une forte concentration sur le pétrole, mais aussi une diversification vers le textile et l’agroalimentaire. Pour des pays comme le Kenya, l’Éthiopie, le Ghana ou Madagascar, l’AGOA reste une source majeure de devises et d’emplois.


Washington ménage sa position

La Maison Blanche plaide pour une extension technique d’un an. Mais derrière ce geste se cache une réalité politique : aux États-Unis, le renouvellement de l’AGOA suscite des débats partisans. Certains élus estiment que l’accord doit être repensé pour mieux refléter les réalités économiques actuelles et inclure davantage de clauses sur la gouvernance, la démocratie ou les droits humains.

Le climat pré-électoral américain n’arrange rien. La décision finale dépendra du Congrès, où les discussions pourraient s’enliser. En clair, l’AGOA est désormais pris en otage dans les jeux politiques de Washington.


Entre inquiétude et mobilisation en Afrique

Du côté africain, l’incertitude grandit. L’Union africaine et plusieurs pays bénéficiaires ont plaidé pour un renouvellement sur au moins dix ans, afin d’assurer une visibilité à long terme. Les industriels, notamment dans le textile au Kenya ou à Madagascar, redoutent des fermetures d’usines et des pertes d’emplois si l’accord venait à disparaître brutalement.

« Sans l’AGOA, c’est l’avenir de centaines de milliers d’emplois qui est en jeu », alerte un responsable de l’industrie textile est-africaine cité par Reuters.


Et après ?

La question de fond demeure : faut-il continuer à dépendre d’un accord bilatéral aussi incertain ? Certains experts appellent les pays africains à profiter de l’AfCFTA (Zone de libre-échange continentale africaine) pour développer un marché intérieur plus robuste, moins vulnérable aux décisions extérieures.

Le sursis proposé par Washington apparaît donc comme une solution de court terme. Mais sans vision claire à long terme, l’Afrique risque de subir de plein fouet les conséquences de cette incertitude.

En attendant, l’AGOA ressemble à une maison dont le bail arrive à expiration : le propriétaire propose un mois de rab, mais refuse de dire si le locataire pourra rester. L’Afrique, elle, doit se préparer à vivre sans cette rente commerciale, car le monde ne pardonne pas les dépendances trop fragiles.

La Rédaction

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