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Sénégal : Macky Sall brise le silence sur la polémique de la “dette cachée”.

Entre contestations, explications techniques et bataille de chiffres, l’ancien président tente de rétablir sa version face aux accusations du FMI et de la Cour des comptes.


Une dette “cachée” qui fait scandale

Depuis fin septembre, le débat sur la situation réelle des finances publiques au Sénégal ne faiblit pas. Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé l’existence d’une “dette cachée” d’environ 7 milliards de dollars, contractée sous la présidence de Macky Sall entre 2019 et 2024. Selon la Cour des comptes, cette dissimulation aurait porté le ratio d’endettement du pays à près de 100 % du PIB, bien au-delà des chiffres officiels avoisinant les 70 %.

Pour les bailleurs, la découverte est lourde de conséquences : elle alimente les doutes sur la transparence budgétaire et menace les futurs appuis financiers au Sénégal.


La riposte de Macky Sall

Face à cette tempête médiatique et politique, Macky Sall a décidé de donner sa version. Dans une lettre adressée au représentant résident du FMI à Dakar, Majdi Debbich, datée du 26 mars 2025, il rejette les accusations, dénonçant des “conclusions biaisées” et un audit “manifestement partial”.

L’ancien chef de l’État assure disposer de “preuves indiscutables” qui démontreraient que les chiffres avancés ne reflètent pas la réalité des finances sénégalaises. Son parti, l’APR, parle même d’une “instrumentalisation” des données.


Ses arguments pour défendre son bilan

Macky Sall insiste sur plusieurs points :

  • Impossibilité de cacher une telle dette : selon lui, les flux financiers extérieurs passent par la BCEAO et sont suivis par la Cour des comptes, l’Assemblée nationale et les services du ministère des Finances. Dissimuler des milliards relèverait, dit-il, de “l’absurde”.
  • Complexité des circuits financiers : une partie de la dette est contractée en devises étrangères, converties en francs CFA par la BCEAO. Ces mécanismes, souligne-t-il, sont publics et encadrés.
  • Absence d’alerte officielle : Sall rappelle qu’aucun rapport de la Cour des comptes ou des institutions de contrôle sénégalaises n’a signalé d’irrégularité majeure lorsqu’il était en fonction.

Des zones d’ombre qui persistent

Malgré ces explications, les doutes demeurent. Les chiffres du FMI et de la Cour des comptes, eux, convergent pour parler d’une dette réelle largement supérieure aux statistiques officielles. Les partenaires financiers internationaux conditionnent désormais leur soutien à une clarification complète de la situation.

La question reste donc ouverte : s’agit-il d’une manipulation des chiffres pour masquer la dégradation des finances publiques, ou d’une confusion technique liée aux méthodes de comptabilisation ?


Une bataille politique et symbolique

Au-delà des chiffres, cette affaire ravive les fractures politiques au Sénégal. Les opposants de Macky Sall y voient la confirmation d’une gestion “opaque” du pays. Ses partisans, eux, dénoncent une campagne de dénigrement.

Dans tous les cas, le débat sur la “dette cachée” a déjà laissé une trace : il interroge la crédibilité des institutions financières, la transparence de l’État et la confiance des citoyens. Comme souvent en économie, la bataille se joue autant sur la scène des chiffres que sur celle de l’opinion.

Entre chiffres contestés et accusations croisées, une certitude s’impose : la “dette cachée” du Sénégal, qu’elle soit réelle ou exagérée, restera comme l’un des dossiers les plus explosifs de l’après-Macky Sall.

La Rédaction

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