
BAD : 25 millions de dollars pour libérer l’Afrique du piège des devises étrangères.
La Banque africaine de développement (BAD) franchit une nouvelle étape dans sa mission de bâtir des marchés financiers africains solides et autonomes. Le conseil d’administration de l’institution panafricaine a validé, en septembre 2025, un investissement de 25 millions de dollars (soit environ 13,8 milliards FCFA) dans The Currency Exchange Fund (TCX), un fonds spécialisé dans la couverture de change.
Pourquoi cet investissement est crucial ?
En Afrique, de nombreux projets — qu’il s’agisse de routes, d’écoles ou de financements aux petites entreprises — sont encore contractés en dollars ou en euros, alors même que les revenus sont générés en franc CFA, en naira ou en shilling. Résultat : à la moindre dépréciation de la monnaie locale, la facture explose, et les emprunteurs se retrouvent étranglés.
Avec son entrée au capital de TCX, la BAD veut corriger ce déséquilibre en donnant plus de moyens aux emprunteurs d’accéder à des prêts en monnaie locale, sécurisés contre les fluctuations de change.
TCX, un outil sur mesure pour les devises africaines
Créé pour protéger les économies émergentes contre le risque de change, TCX propose des instruments financiers adaptés aux devises dites « illiquides » : swaps, contrats à terme ou encore produits dérivés. Concrètement, cela signifie que même des pays souvent délaissés par les marchés financiers pourront bénéficier d’outils de couverture pour emprunter plus sereinement.
L’apport de la BAD vient renforcer le capital de TCX et accroître sa capacité d’intervention, notamment dans les devises africaines les plus fragiles.
Les secteurs qui profiteront du financement local
Les bénéficiaires potentiels sont nombreux :
- Les PME et microentreprises, qui constituent l’essentiel du tissu économique, mais manquent d’accès à des prêts stables.
- Les infrastructures (routes, énergie, eau), qui nécessitent des financements de long terme.
- Les banques publiques de développement, qui servent souvent de relais pour irriguer l’économie locale.
En sécurisant les prêts en monnaie locale, la BAD espère encourager plus d’investissements, réduire le poids de la dette extérieure et stimuler une croissance durable.
Un effet d’entraînement attendu
Au-delà de son apport direct, la BAD veut jouer un rôle de catalyseur : attirer d’autres bailleurs de fonds et investisseurs privés vers le marché africain en monnaie locale. Plus il y aura d’acteurs, plus les financements seront diversifiés et accessibles.
Avec cet investissement, la BAD ne se contente pas de renforcer un fonds spécialisé : elle envoie un signal clair. L’Afrique peut — et doit — financer son avenir en s’appuyant sur sa propre monnaie. Car au-delà des milliards engagés, c’est un pari de souveraineté économique qui se joue.
La Rédaction