
Afrique : Un gouffre de 680 milliards de dollars menace les ambitions de croissance.
À Abuja, lors de la 66ᵉ Conférence annuelle de la Société économique du Nigéria, la Banque africaine de développement (BAD) a tiré la sonnette d’alarme : l’Afrique doit mobiliser 811 milliards de dollars par an pour assurer une croissance réellement transformative. Mais le continent accuse un déficit colossal de financement estimé à 680,3 milliards de dollars.
Un écart abyssal entre besoins et ressources
Selon Abdul Kamara, directeur général de la BAD pour le Nigéria, les ressources actuelles sont loin de couvrir les investissements nécessaires dans les infrastructures, l’énergie, l’éducation et l’innovation. Ces secteurs sont pourtant considérés comme les moteurs essentiels d’une croissance durable.
Les États en transition – des pays fragilisés par des conflits, une gouvernance instable ou des institutions faibles – illustrent cette difficulté. Ils ont besoin d’environ 210 milliards de dollars par an, mais disposent à peine de quoi combler ce besoin, accusant un manque de 188 milliards de dollars.
Des conséquences sociales majeures
Cette fracture financière ne se résume pas à des chiffres froids : elle a un impact direct sur des millions de vies.
- Plus de 250 millions d’Africains vivent dans des zones affectées par la fragilité et les conflits.
- Les dépenses publiques sont souvent détournées vers la sécurité et la gestion des crises au détriment de l’éducation, de la santé ou de l’agriculture.
- Résultat : la pauvreté persiste, les inégalités s’aggravent et le potentiel économique du continent reste bridé.
Les leviers pour combler le fossé
Pour la BAD, il n’y a pas de fatalité. Plusieurs pistes s’imposent :
- Renforcer la gouvernance pour garantir une gestion transparente et efficace des ressources.
- Mobiliser davantage de ressources domestiques, notamment grâce à une meilleure collecte fiscale et à la lutte contre les flux financiers illicites.
- Créer des partenariats innovants, en s’appuyant sur le secteur privé, les investisseurs internationaux et la diaspora.
- Miser sur la jeunesse et les femmes comme moteurs d’une croissance inclusive, en favorisant l’entrepreneuriat, l’innovation et la transition numérique.
Un compte à rebours pour l’Afrique
Le diagnostic est posé : le déficit de financement est un frein systémique à l’ambition de “transformer” l’Afrique. Sans actions concrètes, l’écart de 680 milliards de dollars pourrait s’élargir encore, compromettant les objectifs de l’Agenda 2063.
Mais l’équation a une face optimiste : l’Afrique regorge de richesses humaines, de ressources naturelles et de dynamisme entrepreneurial. Si elle parvient à mobiliser ces atouts, le gouffre financier peut devenir un pont vers la prospérité.
La Rédaction