L’économie malienne montre des signes de reprise, mais le Fonds monétaire international (FMI) appelle à la prudence. Dans un rapport publié le 10 septembre 2025, l’institution internationale souligne que si la croissance s’accélère, les déséquilibres macroéconomiques et les vulnérabilités structurelles demeurent préoccupants.

Une reprise soutenue par l’or et l’agriculture

Selon les projections, la croissance du PIB réel devrait atteindre 4,7 % en 2024 et s’approcher des 5 % en 2025. Ce rebond est largement attribué à la bonne campagne agricole et au dynamisme du secteur aurifère, principale source de recettes d’exportation du pays. L’or reste le pilier qui soutient les réserves de change et équilibre la balance extérieure.

Les investissements publics dans les infrastructures ont également contribué à stimuler l’activité intérieure, favorisant la consommation et la demande de biens et services.

Un déficit budgétaire persistant

Derrière ces chiffres encourageants, le FMI met en garde contre une réalité plus complexe. Le déficit budgétaire, estimé à 2,6 % du PIB en 2024, devrait remonter à 3,4 % en 2025 sous l’effet de nouvelles dépenses, notamment liées aux catastrophes naturelles. La dette publique, quant à elle, avoisine 52 % du PIB, un niveau qui appelle à une gestion prudente.

Autre point faible : la mobilisation des recettes fiscales. Avec un ratio recettes/PIB autour de 14 %, le Mali reste en dessous de la moyenne de l’UEMOA. Le FMI recommande d’élargir l’assiette fiscale en renforçant la collecte de la TVA et en rationalisant les exonérations. Sans ces réformes, l’État pourrait avoir du mal à financer ses priorités sociales et sécuritaires.

Les risques sécuritaires et climatiques en toile de fond

Le rapport insiste aussi sur des facteurs de vulnérabilité extérieurs à l’économie : l’insécurité persistante dans certaines régions, qui freine la production agricole et le commerce, ainsi que les aléas climatiques. Les sécheresses et inondations récurrentes menacent la sécurité alimentaire et fragilisent encore davantage les populations rurales.

Des réformes urgentes pour un avenir durable

Le FMI exhorte les autorités à concilier discipline budgétaire et protection sociale, en orientant davantage les dépenses vers la santé et l’éducation. Il encourage également la diversification économique au-delà de l’or et du coton, en misant sur les filières agro-industrielles et les infrastructures énergétiques.

Une confiance à reconstruire

La transparence et la gouvernance sont également citées comme des conditions indispensables pour restaurer la confiance des investisseurs et partenaires internationaux. Si le Mali parvient à conjuguer réformes structurelles, stabilité sécuritaire et résilience climatique, la croissance actuelle pourrait se transformer en véritable moteur de développement.

En somme, la reprise est là, mais elle demeure fragile. Le Mali avance, mais sur une corde raide, où chaque faux pas budgétaire ou sécuritaire pourrait freiner son élan.

La Rédaction