
Afreximbank et Shelter Afrique unissent leurs forces pour transformer l’urbanisation en Afrique.
À l’heure où les villes africaines connaissent une croissance démographique fulgurante, deux grandes institutions financières du continent ont décidé de passer à l’action. La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et la Banque de développement Shelter Afrique (ShafDB) ont signé, en marge de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) d’Alger, un accord-cadre d’un milliard de dollars pour soutenir l’urbanisation et le logement en Afrique.
Un fonds pour préparer les projets de demain
Le mécanisme mis en place, baptisé Joint Project Preparation Facility (JPPF), n’a rien d’anodin. Il vient combler une faiblesse structurelle dans le financement du développement : la préparation des projets. Trop souvent, les bonnes idées échouent faute d’études solides, de structuration technique ou de crédibilité financière. Le JPPF se veut donc une rampe de lancement : il financera la phase amont, permettant aux promoteurs de transformer une vision en un projet « bancable », c’est-à-dire éligible à des financements plus importants.
Des secteurs stratégiques ciblés
Au-delà du logement, les deux institutions veulent frapper large. Les domaines concernés vont de la construction aux infrastructures commerciales et résidentielles, en passant par la santé, l’hôtellerie, l’industrie, la production de matériaux de construction et les plateformes logistiques. En clair : tout ce qui peut contribuer à bâtir des villes africaines modernes, inclusives et durables.
Pour Oluranti Doherty, directrice générale du développement des exportations à Afreximbank, ce partenariat est un « catalyseur pour le développement socio-économique du continent ». Il associe l’expertise de Shelter Afrique dans le logement et celle d’Afreximbank dans la structuration de projets complexes.
Renforcer les compétences et les données
L’accord ne se limite pas à injecter de l’argent. Il inclut un important volet de renforcement des capacités, afin d’armer Shelter Afrique des compétences nécessaires pour élaborer et conduire des projets solides.
Thierno-Habib Hann, directeur général de Shelter Afrique, a rappelé que deux grands défis freinent encore le secteur : l’absence de données fiables et la faiblesse de la préparation des projets. Le premier obstacle a déjà été partiellement levé grâce à un modèle innovant baptisé VIRAL, qui produit des données précises sur le logement en Afrique. Le second devrait être surmonté grâce à ce partenariat stratégique.
Un projet dans un contexte favorable
Cet accord ne tombe pas du ciel. Il s’inscrit dans la dynamique de l’Alliance des institutions financières multilatérales africaines (AAMFI), dont les deux banques sont membres. Surtout, il intervient alors que l’IATF 2025 promet de générer plus de 44 milliards de dollars de contrats commerciaux et d’investissements. Autant dire que le timing est parfait pour mobiliser les acteurs publics et privés autour de ce mécanisme.
Une ambition claire : bâtir des villes africaines résilientes
Au final, Afreximbank et Shelter Afrique affichent une ambition commune : poser les bases d’un développement urbain résilient, inclusif et durable, tout en renforçant l’intégration économique africaine.
Un milliard de dollars, cela ne suffira pas à résoudre le déficit abyssal de logements estimé à plus de 50 millions d’unités sur le continent. Mais c’est un signal fort : les grandes banques africaines ne veulent plus se contenter d’observer la croissance des bidonvilles, elles veulent accompagner l’émergence de véritables pôles urbains et économiques.
Et dans cette Afrique en pleine mutation, bâtir des villes solides, c’est aussi bâtir l’avenir.
La Rédaction