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Niger : 15 milliards FCFA levés sur UMOA-Titres, mais à quel prix !

Le Niger a réussi, le 18 août 2025, à mobiliser 15 milliards FCFA sur le marché régional des titres publics de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA-Titres). Une opération techniquement réussie, mais qui s’accompagne d’un coût inédit : un rendement moyen de 11,07 %, un record pour une émission de court terme dans la zone.


Un emprunt sur mesure, parfaitement couvert

L’opération s’est déroulée à travers l’émission d’un Bon Assimilable du Trésor (BAT) d’une maturité de 347 jours, soit environ un an.

  • Montant recherché : 15 milliards FCFA
  • Montant des soumissions : exactement 15 milliards FCFA
  • Montant retenu : 15 milliards FCFA

Avec un taux de couverture et d’absorption de 100 %, le Trésor nigérien a trouvé les investisseurs qu’il cherchait, sans difficulté apparente.


Un rendement record qui attire l’attention

Si le succès de la levée est incontestable, c’est surtout le rendement moyen pondéré de 11,07 % qui interpelle. Rarement atteint pour un instrument à court terme dans l’UMOA, ce taux reflète une prime de risque élevée demandée par les investisseurs.

Pour rappel, en juin 2025, une précédente émission du Niger s’était conclue à 10,22 %. Le bond au-dessus des 11 % en seulement deux mois illustre une confiance prudente des marchés : le pays est jugé solvable, mais à condition de payer cher.


Contexte régional : comparaison nécessaire

Pour mieux comprendre, il faut comparer.

  • En mai 2025, le Mali avait levé des fonds similaires à un taux moyen de 9,4 %, inférieur de près de deux points au Niger.
  • Dans la zone UMOA en général, les émissions de court terme oscillent entre 6 % et 9 %, bien loin des 11 % atteints par Niamey.

Ces chiffres montrent que le Niger doit consentir un effort financier plus lourd que ses voisins pour attirer l’épargne régionale.


Pourquoi un coût aussi élevé ?

Plusieurs facteurs expliquent cette rémunération exceptionnelle :

  • Conjoncture interne fragile : besoin urgent de liquidités et tensions budgétaires.
  • Perception du risque : le contexte sécuritaire et économique pèse sur la confiance des investisseurs.
  • Sélectivité des acteurs financiers : une grande partie des fonds levés proviennent d’investisseurs basés au Togo, montrant une concentration géographique des appétits pour le risque nigérien.

Une réussite… mais à surveiller

En définitive, Niamey peut se féliciter d’avoir atteint son objectif : lever les fonds nécessaires pour financer son budget. Mais cette victoire a un goût amer, car le coût de cet argent est particulièrement élevé.

Avec une facture d’intérêts alourdie, le Niger devra trouver un équilibre entre répondre à ses besoins immédiats et préserver la soutenabilité de sa dette. Le marché régional a envoyé un signal clair : la porte reste ouverte, mais elle devient de plus en plus chère à franchir.

La Rédaction

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