
Sénégal-FMI : Une mission décisive sous l’ombre d’une dette cachée.
Dakar vit une semaine décisive. Du 19 au 26 août 2025, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) séjourne au Sénégal pour reprendre les discussions avec les autorités. L’enjeu est de taille : relancer un partenariat enlisé depuis plus d’un an à cause d’irrégularités dans les finances publiques.
Un décaissement attendu qui tarde
En juin 2024, le Sénégal espérait recevoir 230 milliards de FCFA du FMI. Mais cette enveloppe n’a jamais été débloquée. La raison : la découverte d’une dette cachée d’environ 4 500 milliards de FCFA, soit plus de 7 % du PIB national, en partie accumulée par des entreprises publiques. Ce scandale a mis en lumière des failles profondes dans la gestion des comptes de l’État et a fragilisé la confiance des bailleurs.
Des discussions bloquées depuis un an
Depuis cette révélation, cinq réunions ont eu lieu entre Washington et Dakar. Sans succès. L’actuelle mission du FMI doit donc répondre à une question cruciale :
- soit le pays obtient une dérogation lui permettant de tourner la page et de négocier un nouveau programme,
- soit il devra envisager un remboursement partiel ou total des décaissements antérieurs.
Autant dire que l’avenir financier du Sénégal se joue dans les couloirs de cette mission technique.
Un Premier ministre exaspéré
Le climat est tendu. Ousmane Sonko, Premier ministre, n’a pas caché son agacement face à la posture du FMI. Lors du lancement du Plan de redressement économique et social, il avait dénoncé une forme de « volonté d’asphyxier » le pays :
« Le FMI a une part de responsabilité. Vous ne pouvez pas faire des contrôles chaque année sans voir une chose aussi grosse. J’ai l’impression qu’il y a un objectif d’asphyxier. Certains nous demandent comment nous faisons avec cette situation, mais nous tenons encore. »
Ces propos traduisent la lassitude d’un gouvernement contraint de jongler entre réformes internes, pression des créanciers et attentes sociales.
Une mission aux allures de test
Au-delà des chiffres, cette visite représente un test de crédibilité pour le Sénégal. Le FMI attend des engagements fermes en matière de transparence budgétaire et de gouvernance. Dakar, de son côté, espère convaincre que les erreurs du passé ne doivent pas condamner son avenir.
Au bout du compte, cette mission pourrait sceller le destin économique du Sénégal : une bouffée d’oxygène en cas de compromis, ou une spirale d’isolement financier si la confiance ne revient pas. Entre espoir et incertitude, Dakar joue cette semaine une partie serrée avec le FMI.
La Rédaction