
Niger : Le pouvoir serre l’étau sur l’exportation des pierres précieuses et météorites.
Le 10 août 2025, le président de la transition, le général Abdourahamane Tiani, a signé un décret suspendant temporairement toute exportation de pierres précieuses, semi-précieuses et météorites.
Cette mesure intervient dans un contexte particulier : celui d’une polémique autour de la vente aux États-Unis d’une météorite martienne découverte au Niger, présentée comme la plus grosse jamais trouvée sur Terre. Cette roche exceptionnelle, découverte dans la région d’Agadez, a été vendue aux enchères pour près de 5 millions de dollars, soit environ 3 milliards FCFA.
Un patrimoine menacé
Pour Niamey, cette météorite n’est pas une simple curiosité scientifique : c’est un patrimoine national. Les autorités soupçonnent un réseau d’exportations illégales de ressources à très forte valeur ajoutée.
En juillet dernier, le Conseil des ministres avait déjà ordonné une enquête afin de retracer le chemin parcouru par cette pièce unique avant sa sortie du pays. Quatre ministères — Mines, Justice, Sécurité publique et Enseignement supérieur — sont mobilisés pour faire toute la lumière sur l’affaire.
Un encadrement renforcé
Le nouveau décret ne se contente pas d’interdire temporairement : il renforce le contrôle.
Désormais, toute exportation des produits visés devra passer par une dérogation signée par le ministre des Mines, accordée uniquement si l’opération sert un intérêt national clairement établi.
Les forces de défense et de sécurité sont autorisées à saisir toute cargaison non autorisée. Les contrevenants risquent de lourdes amendes et même des peines de prison, conformément à la loi minière nigérienne.
Un virage vers la valorisation locale
Au-delà de la suspension, cette décision traduit la volonté du Niger de garder la valeur ajoutée sur son sol.
Jusqu’à présent, nombre de ses richesses minières ont été exploitées dans l’ombre, souvent par des acteurs étrangers, sans réel bénéfice pour la population.
Le gouvernement affirme vouloir désormais développer une filière nationale de transformation et de certification des pierres précieuses et météorites, afin de garantir à la fois leur traçabilité et un meilleur retour économique pour le pays.
Une mesure conservatoire… ou un signal fort ?
Le gel des exportations pourrait n’être qu’une étape. Derrière cette décision, se dessine un choix politique : reprendre le contrôle total sur l’exploitation des ressources stratégiques.
Mais ce virage ne portera ses fruits que si la transparence, la rigueur administrative et la vigilance citoyenne accompagnent cette nouvelle politique.
En attendant, chaque pierre qui sortira du sol nigérien sera désormais scrutée de près, symbole d’un pays décidé à ne plus laisser filer ses trésors.
La Rédaction